Comment choisir ses vêtements ?
Dans le cadre de l'opération Make Friday Green Again, nous vous proposons toute une série d'articles afin de vous aider à verdir votre garde-robe !
On commence par le commencement. Qu'on achète en friperie, dans les grandes enseignes ou sur des e-shops écolos, voici l'une des questions essentielles à se poser : quelles sont les matières à privilégier lors de ses achats ? Laine, coton, polyesther recyclé ? On vous dit tout ! Et vous allez voir, si certaines fibres sont à bannir, il n'existe pour autant pas de matière parfaite.
Allez, voici quelques infos sur les fibres à éviter et celles à privilégier.
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Les fibres naturelles végétales
Contrairement à ce que l'on pourrait penser, fibre naturelle ne veut pas systématiquement dire fibre écologique. Le coton, par exemple, est le chouchou de l'industrie textile. Pour cause, il est souple, agréable à porter et facile d'entretien. Cependant, sa culture demande énormément de traitements pesticides et d'eau. Selon le Water Footprint Network il faudrait 10.000 litres d'eau pour produire un jean.
Heureusement il existe des alternatives éco-responsables, comme le coton biologique. Il consomme moins d'eau et est cultivé sans engrais chimique, pesticide et OGM. On privilégie tout particulièrement le coton labellisé GOTS, l'un des labels les plus sûrs.
Vous pouvez aussi opter pour le coton recyclé, issu de chutse de production ou de vieux vêtements. En plus de s'inscrire dans une démarche zéro déchet, sa production demande moins d'eau et d'énergie. Une bonne solution !
Le lin est une fibre très intéressante, à la fois très résistante et thermorégulatrice (elle vous tient au chaud en hiver et au frais en été !). Sa culture nécessite peu voire pas d'irrigation et contrairement au coton, le lin n'a pas besoin d'être traité. Autre point fort du lin : il peut être produit localement. En effet la France est de loin le premier producteur de lin au monde. Malheureusement, les filatures de lin ont totalement disparu de France il y a une vingtaine d'années, et malgré un mouvement actuel de relocalisation, 90% des fibres de lin françaises sont exportées vers la Chine et l’Inde avant de revenir en Europe.
Le chanvre est aussi une bonne solution. Tout comme le lin, il ne nécessite ni irrigation ni traitement phytosanitaire. Mais alors qu'autrefois il était très utilisé dans l'industrie textile (les premiers jeans étaient d'ailleurs en chanvre), aujourd'hui il se fait plus rare. Comme dans le cas du lin, les savoir-faire se sont peu à peu perdus (et comme lui, il n'est pas adapté à tous les types de vêtements). Mais heureusement quelques irréductibles tentent de faire renaître la filière.
Les matières naturelles animales (et leurs alternatives vegan)
Les lainages sont des matières durables et renouvelables. S’il faut dans l’idéal choisir de la laine vierge afin d’éviter les traitements chimiques, les problèmes majeurs concernant la laine viennent de l’élevage et de la récupération la laine.
Il faut donc se référer aux labels qui garantissent les bonnes conditions de production et le respect du bien-être animal, notamment les labels GOTS, Woolmark ou encore RWS. Si l’on ne trouve pas de lainage labellisé, on peut déjà éviter certaines matières dont la production génèrent souvent des pratiques cruelles et des dégâts sur l’environnement.
Le cachemire par exemple, est à l’origine une matière extrêmement précieuse, appréciée pour sa légèreté, sa douceur et ses propriété isothermes. C’est aussi une matière rare : en un an, il faut les poils de 4 chèvres pour réunir suffisamment de fibres pour réaliser un pull . Mais depuis quelques années on en voit partout dans les magasins à des prix très accessibles, or cette intensification de la production génère de lourdes conséquences sociales et environnementales. La multiplication des troupeaux de chèvres sur les terrains sensibles de Mongolie entraîne une désertification des sols. En effet les chèvres arrachent les plantes jusqu’à leur racines en broutant et leurs sabots pointus endommagent la végétation qui ne peut plus se régénérer. Ces problèmes s’accompagnent de maltraitance animale : avec la désertification les chèvres n’ont plus rien à manger. Certains éleveurs, privilégiant le volume à la qualité, préfèrent tondre leur troupeaux plutôt que de prélever les sous-poils. Cela prive les animaux de leurs défenses naturelles contre des températures qui peuvent aller jusqu’à -40°. La désertification et la concurrence accrue pour le cachemire aggrave également les difficultés économiques des éleveurs, poussés à la pauvreté. Le cachemire, en particulier celui de basse qualité que l’on peut trouver en grande distribution, est donc une matière à bannir.
D’autres lainage très courants sont à éviter : le mérinos, l’angora et le mohair en raison de maltraitantes animales. Le mérinos provient en majorité d’Australie, où la pratique du mulesing est très répandue : il s’agit d’une ablation de la peau autour de la queue du mouton pour éviter la propagation de parasites. La laine d’angora est quant à elle récoltée en arrachant les poils des lapins angora qui vivent un véritable calvaire. Selon Peta il n’existe pas d’angora éthique. Le mohair a également fait l’objet de scandale, notamment en Afrique du Sud. Concernant le mohair, il existe aujourd’hui un label permettant de s’assurer que mes chèvres angora qui donnent le mohair ont été élevées sans maltraitante, il s’agit du RMS (pour Responsible Mohair Standard).
Enfin, si la laine française a l’avantage d’un impact écologique moindre, les bonnes conditions de vie des animaux ne sont pas pour autant garanties. Une enquête One Voice a notamment révélé le sort des lapins angora dans des élevages français.
Heureusement certaines laines sont a priori non cruelles envers les animaux et sans impact majeur pour l’environnement et sont donc à privilégier : il s’agit de la laine de mouton shetland qu’on trouve notamment en Ecosse (en plus il perd naturellement ses poils au printemps, donc pas besoin de le tondre) ainsi que l’alpaga. Chaudes et résistantes, elles sont pour le moment préservées de l’industrialisation et de ses dérives ! La laine recyclée est également une bonne option et elle, évite en plus le gaspillage en réutilisant des fils déjà existants. Sa fabrication consomme également très peu d’eau et d’énergie.
Et si on veut un pull vegan ? L’acrylique est souvent utilisée en substitut de la laine pour sa légèreté et son aspect doux et soyeux. On la retrouve souvent dans les enseignes de fast-fashion car elle est très bon marché. Comme toutes les fibres synthétiques, l'acrylique est un dérivé du pétrole, ce qui signifie qu'à chaque lavage des microparticules de plastiques se détachent des fibres, s'évacuent dans l'eau et finissent par contaminer les océans et les éco-systèmes marins. Certains produits chimiques utilisés pour le traitement des fibres se révèlent nocifs pour la santé et peuvent provoquer des allergies et irritations. La combustion d'acrylique libère également des gaz très toxiques dont le cyanure d'hydrogène. L'incinération de vêtements en acrylique est donc un vrai problème environnemental et sanitaire. Pour se tenir chaud en hiver, mieux vaut privilégier les pulls en coton bio ou en matières recyclées, comme le coton ou le polyester recyclé.
Le cuir n'est a priori pas considéré comme durable car l'exploitation des animaux nécessaire pour l'obtenir est très polluante. On estime que l'élevage représente entre 14.5 et 18% des gaz à effet de serre issus de l'activité humaine. La durée de vie des produits en cuir est cependant bien supérieure à celle de leurs équivalents en plastique, ce qui rééquilibre leur impact environnemental. Le principal problème de la pollution liée au cuir se trouve davantage au niveau des teintures et des traitements qui sont majoritairement réalisés dans des pays autorisant l'utilisation de produits chimiques très toxiques. Ces substances sont par la suite rejetées dans les rivières et intoxiquent les êtres humains, la faune et la flore. Si vous choisissez de porter du cuir, optez pour des pièces avec un tannage végétal, plus doux et local : la France et l'Italie sont les références en la matière.
Si vous êtes vegan ou ne souhaitez pas porter de cuir, il existe des alternatives comme le cuir vegan. Le plus souvent conçu en matière synthétique comme le PVC, le Pulse Of Fashion Industry Report (2017) estime que l'impact écologique du cuir vegan est 1/3 moins important que celui du cuir naturel. Ce n'est pas pour autant une solution miracle : la production de ces fibres ainsi que le traitement des déchets plastiques que les matières synthétiques génèrent sont très polluants. Afin de limiter leur impact, il est recommandé de privilégier des matières recyclées ou biologique. Le cuir végétal par exemple est produit à partir de déchets de production. Le plus connu est le Pinatex à base de feuilles d'ananas. Inconvénient : les éléments naturels du cuir végétal sont bien souvent mêlés à du polyuréthane pour assurer leur durabilité, ce qui donne un produit fini non biodégradable.
Les fibres artificielles
Les fibres artificielles sont le résultat de la transformation chimique d'une matière première naturelle, le plus souvent la cellulose de bois. Elles ont été inventées pour remplacer certaines fibres naturelles comme la soie.
Le Tencel (ou lyocell, Tencel étant la marque déposée du groupe Lenzing) est la championne des fibres écologiques. Douce au toucher et infroissable, elle est très appréciée dans le monde de la mode. La cellulose utilisée pour produire les fibres Tencel provient bois issu de de forêts gérées durablement. La pulpe de bois est dissoute dans un solvant non toxique, récupérable et réutilisable à 99,7%. C'est aussi une fibre locale, 50% des forêts et usines Lenzing utilisées pour la production de Tencel se situent en Autriche.
La viscose est également créée à partir de cellulose de bois. La viscose de bambou en particulier est intéressante. Le bambou est considéré comme la matière première la plus durable : il pousse vite, nécessite peu de ressources et absorbe plus de CO2 tout en rejetant plus d'oxygène que les autres arbres. Cependant le processus de fabrication de la viscose nécessite des produits chimiques polluants. Préférez la viscose ecovero, dont l'impact est bien moins important que la viscose traditionnelle !
Les fibres synthétiques (issues de la pétrochimie)
Issue du pétrole, ces fibres très polluantes et gourmandes en énergie rejettent des micro-particules de plastique lors du lavage. Vous pouvez pour la plupart les reconnaître par leurs noms en -poly : polyester, polyamide, polyuréthane, élasthanne (aussi appelée Spandex ou Lycra), acrylique... On les retrouve souvent dans les vêtements de sport et maillots de bain, où elles sont utilisées pour leurs qualités techniques (imperméabilité, élasticité).
Heureusement il existe des alternatives en fibres recyclées (Econyl, polyamide recyclé, polyester recyclé...) qui donnent une seconde vie aux bouteilles en plastique, vieux vêtements ou encore aux filets de pêche. En plus de l'optique d'upcycling, la production de fibres recyclées diminue la consommation d'eau, d'électricité et de produits chimique par rapport à la production de fibres neuves. Les fibres recyclées continuent cependant à rejeter des microparticules de plastique dans l'environnement. Lors du lavage, utilisez un sac Guppyfriend.
Et si le recyclage est une belle démarche éco-responsable, cela fragilise aussi les fibres qui ne peuvent pas être réutilisées indéfiniment. Les fibres recyclées sont souvent associées à des fibres neuves dans les vêtements afin qu'ils se tiennent.
Eviter les mélanges
Et en parlant de recyclage on en vient à un dernier point crucial lorsqu'on choisi ses vêtements, éviter les mélanges. Et oui, c'est comme pour l'alcool : quand on mélange rhum, vin blanc et champagne lors d'une même soirée on est quasiment sûr de se retrouver le lendemain avec un bon mal de tête. Et bien c'est un peu la même chose avec le recyclage.
Mais alors pourquoi fait-on ça ? Et bien mélanger des matières permet souvent d'améliorer le confort du produit en lui donnant plus d'élasticité par exemple : un jean avec zéro élasthanne il y a pas à dire c'est quand même pas très confortable. Et de manière un peu moins glorieuse cela permet aussi aux marques de faire des économies car l'élasthanne et autres matières synthétiques coûtent souvent moins cher que des matières plus nobles comme la laine ou le coton. Mais revers de la médaille, ces matières vieillissent souvent moins bien dans le temps.
Mais bref, revenons au recyclage. Comme on vous le disait, si le mélange de matières a certains avantages, lorsque le vêtement arrive en fin de vie les choses se corsent. En effet, pour des raisons assez évidentes il est bien plus compliqué de recycler un t-shirt composé de trois fils différents : élasthanne, polyamide et coton qu'un t-shirt 100% coton par exemple. S'il est facile de recycler le coton et le polyester individuellement, il n’est pas facile de les séparer mécaniquement, car les fibres sont étroitement liées entre elles. La recherche avance pour trouver des solutions mais le plus simple est, lorsque l'on peut, d'éviter les mélanges.
Alors évidemment, un body sans élasthane par exemple ça risque de ne pas être terrible, mais un t-shirt 100% coton c'est possible ! Chez Olly la partie coton de nos culottes et soutiens-gorge est 100% coton, ce qui permettrait en cas de recyclage de récupérer 100% de la matière sans souci.
Le mot de la fin
Notre conseil : privilégiez le plus possible les matières naturelles comme le coton bio, le lin, le chanvre ou la laine. Lorsque ce n'est pas possible, pour des raisons de technicités ou d'éthiques (véganisme notamment) optez pour des matières synthétiques recyclées.
Ainsi, on peut tout à fait trouver des t-shirts 100% coton ou 100% lin et des pulls 100% laine et ainsi éviter les mélanges et les matières plastique. En revanche pour un maillot de bain, une brassière de sport ou même un ensemble en dentelle (car non la dentelle en coton adaptée à la lingerie n'existe pas encore malheureusement... ou alors on ne l'a pas encore trouvée), on se tourne vers des matières synthétiques recyclées et on opte pour un filet de lavage guppyfriend.
Et maintenant qu'on sait quelles matières privilégier dans nos achats, où va-t-on faire son shopping éthique ? La réponse par ici !
Sources
Le classement des fibres textiles par Made-By
https://www.bonnegueule.fr/dossier-mode-vetement-responsable-environnement-ecolo
Rapport ADEME : Le Revers de mon Look
Fibres naturelles : Rapport FAO : Mesure la durabilité des systèmes de culture du coton, http://aboutorganiccotton.org/fr/environmental-benefits
Matières animales et options vegan : https://www.lesoptimistes.fr/acrylique-tissu-synthetique-a-eviter, https://www.sloweare.com/le-cuir-et-ses-alternatives-comment-choisir, https://www.thegoodgoods.fr/mode/le-b-a-ba-du-mohair/, https://dreamact.eu/fr/blog/article/241/matieres-ecologiques, http://www.happynewgreen.com/choisir-ses-pulls-chauds/
Fibres artificielles : https://www.lenzing.com, https://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/developpement-durable-bambou-il-materiau-ecologique-4848/
Fibres synthétiques : https://www.lesoptimistes.fr/fibres-et-tissus-synthetiques/